DIEU EST AMOUR

Commentaire de 1 Jean 4, 11-16

 CELUI QUI M’A VU A VU LE PERE

La phrase centrale de ce texte, c’est : « Le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. » Le raisonnement de Jean est le suivant : 1) « Dieu est Amour » ; 2) Jésus est venu dans le monde pour révéler aux hommes le visage d’amour du Père ; 3) ceux qui croient en lui, reçoivent l’Esprit de Dieu, entrent dans la communion d’amour du Père, du Fils et de l’Esprit ; 4) ils deviennent à leur tour des sources d’amour, comme leur Père. Alors on peut dire que Jésus est le Sauveur du monde : car, enfin, les hommes deviennent ce pour quoi ils sont créés, à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Pour s’imprégner de ce raisonnement, il faut le reprendre pas à pas : d’abord, premier point, « Dieu est Amour » ; nous ne réalisons pas à quel point cette phrase est absolue ; pour Jean, les deux mots « Dieu » et « Amour » sont deux synonymes ; on peut toujours remplacer l’un par l’autre ! Dieu est Amour… et l’Amour est Dieu.  Cela veut dire que tout amour vient de Dieu : aucun amour humain ne vient de l’homme seulement ; tout amour humain est dans l’homme une parcelle, une manifestation de l’amour de Dieu. Voilà une nouvelle fantastique et qui peut modifier notre regard sur l’amour humain ! Dans cette même lettre de Jean : « L’amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est Amour. » (1 Jn 4,8). C’était donc le premier point de la méditation de Saint Jean.
Deuxième point, Jésus est venu habiter parmi nous pour nous faire découvrir cela justement, que Dieu est Amour. Désormais, en Jésus, les hommes ont vu Dieu et ont pu constater de leurs yeux qu’il n’est qu’Amour. Il suffit de rappeler quelques phrases de l’évangile de Jean : « Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. » (Jn 1,18)… « Nul n’a vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu. Lui a vu le Père. » (Jn 6, 46)… « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9).
Troisième point, ceux qui acceptent de croire en Jésus, de reconnaître en lui le visage d’amour du Père, se mettent par le fait même au diapason de l’Esprit de Dieu, ils deviennent une demeure pour l’Esprit d’amour ; c’est une véritable renaissance, celle dont Jésus parlait à Nicodème. Le même évangile de Jean dit que nous sommes « enfants » de Dieu : « A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. » (Jn 1,12). Saint Paul le dit, lui aussi, à sa manière, dans la lettre aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5,5). Et le Christ est venu dans le monde, justement, pour que l’Esprit d’amour soit répandu sur la terre.
On peut relire le début de la Bible à cette lumière-là ; car dès les premiers chapitres de la Bible, l’enjeu de la vie humaine est bien situé : l’auteur inspiré dit bien que Dieu a créé l’homme « à son image et à sa ressemblance ». Et donc, si Dieu est Amour, nous sommes faits pour aimer.

A L’IMAGE ET A LA RESSEMBLANCE DE DIEU

Quatrième point, parce qu’ils sont remplis de l’Esprit d’amour, les croyants deviennent à leur tour des sources d’amour : Saint Paul dit que nous sommes désormais « héritiers de Dieu » : cela veut dire que nous pouvons puiser dans les trésors de Dieu. Et, bien sûr, on pense à cette phrase de l’évangile de Jean : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive celui qui croit en moi… De son sein couleront des fleuves d’eau vive… Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jn 7,37-38).
Mais il nous faut bien l’assistance de l’Esprit ! Tous les jours, nous mesurons notre difficulté à aimer vraiment ; mais après tout, ce n’est pas étonnant ! Si l’amour est la caractéristique de Dieu, rien d’étonnant à ce qu’il ne nous soit pas naturel ! Si, réellement, Dieu est Amour et l’Amour est Dieu, cela revient à dire que l’amour dépasse les limites humaines, qu’il est surhumain ; ce que nous savons bien !
Alors, ce texte de Jean devrait nous déculpabiliser : cessons d’avoir honte de ne pas savoir aimer ; simplement, il suffit de puiser dans l’amour de Dieu pour le donner aux autres. Alors on comprend pourquoi Jean insiste tant sur le verbe « demeurer » : « Dieu est Amour, celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui. » Nous ne pouvons aimer que dans la mesure où nous sommes habités par Dieu. Ce qui est possible si nous restons fermement greffés sur Jésus-Christ.
Conclusion, on peut donc dire que Jésus est le sauveur du monde. C’est-à-dire : il est celui qui va permettre au monde d’accomplir sa vocation ; il est clair que le monde est perdu parce qu’il ne vit pas dans l’amour, ou si vous préférez qu’il ne vit pas d’amour. Jésus est venu habiter parmi nous pour nous transformer, pour nous faire découvrir que Dieu est Amour, et nous permettre de vivre de cet amour. En cela, Jésus est bien le sauveur du monde : comme le dit Jean dans son évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3,16-17).

Marie Noëlle Thabut 16.05.21