BIENHEUREUX CEUX QUI PLEURENT

                                                                      « Bienheureux ceux qui pleurent parce qu’ils seront consolés » Luc 6,22

Nous sommes désemparés devant les grandes douleurs.

Les pleurs d’une veuve, ou ceux d’une mère nous laissent muets.  La mort est un scandale irréparable ; que dire dans de telles circonstances ?  Les paroles du Seigneur nous étonnent et nous irritent :

« Bienheureux ceux qui pleurent parce qu’ils seront consolés« .

Ces paroles ressemblent-elles aux condoléances dérisoires que l’on fuit avec horreur, ou ne sont-elles que paradoxe ? Et pourtant, deux fois durant sa vie, les larmes d’une femme commandèrent l’attitude de Jésus face à la mort :

Bouleversé devant la détresse de la veuve de Naïm, Il lui dit : « Ne pleure pas », et Il lui rend son fils.

Troublé, frémissant devant les lamentations de ses deux amies de Béthanie, Marthe et Marie, Il ressuscite Lazare, non sans dire à Marthe :

« Je suis la Résurrection et la Vie : Celui qui croit en moi, fut-il mort, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » .En fait, la formule impersonnelle de la béatitude employée par Jésus :

« Ils seront consolés« , cache sa propre tendresse, la tendresse même de Dieu. Seul Dieu peut oser donner une réponse à nos larmes devant la mort, et Il la donne. Car, comme Jésus vient de le dire aux deux sœurs de Lazare, c’est dans la seule perspective du Royaume qu’il n’y a plus de mort.

Jésus dit aux Sadducéens :

« Que les morts ressuscitent, Moïse l’a fait aussi entendre à l’endroit du Buisson, quand il dit : le Seigneur, Dieu d’Abraham, et Dieu d’Isaac, et Dieu de Jacob, or il n’est pas Dieu de morts mais de vivants ; car, tous vivent pour Lui « 

« Bienheureux ceux qui pleurent parce qu’ils seront consolés » par Dieu lui-même.

Dieu de tendresse et de miséricorde, car Dieu ne nous explique pas le pourquoi de notre condition mortelle, de notre condition de créature fragile et éphémère par des paroles, des bavardages. Il calme notre détresse devant le néant de notre être (et de ceux que nous chérissons), en devenant par amour, l’un de nous, le Fils de l’homme, et en passant le premier par la mort.

Jésus, le Fils Bien-Aimé, est la Porte qui s’ouvre sur la vraie Vie. Ses paroles : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » prennent ici tout leur sens.

Elles nous invitent à nous abandonner comme Lui, à la Volonté du Père, en sachant bien que comme pour Lui, la mort est le Chemin de la Résurrection.

Père Gabriel
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