POURQUOI JÉSUS A-T-IL ÉTÉ BAPTISE ?

Jésus n’a pas besoin du baptême de Jean Baptiste qui était signe de repentir, lui qui est sans péché, ni d’un don de l’Esprit, puisqu’il est le Fils de Dieu depuis toujours et possède donc l’Esprit en plénitude. Mais, par ce signe, Jésus s’est solidarisé avec nous et nous fait don du baptême : c’est Lui qui baptise dans l’Esprit pour que nous soyons « un » avec lui dans son humanité ressuscitée.

Jean Baptiste donnait un baptême d’eau caractérisé par le jugement et la purification en signe de « repentir pour la rémission des péchés » (Luc 3,3), c’est-à-dire pour surmonter la division entre les hommes et Dieu et changer de vie.

Cette division n’existe pas en Jésus : Lui, le Verbe de tout commencement (Jean 1,1) n’a pas besoin de conversion pour entrer dans une vie nouvelle. Pourtant le voici qui se mêle aux pécheurs, il est baptisé avec eux. Mais l’eau ne signifie pas seulement la purification. Dans les annonces de l’Ancien Testament, elle est liée à la Pâque, au passage par la mort vers  la vie : la libération des hébreux est passage de la mer rouge (Exode 14), la traversée du Jourdain est la fin du temps du désert et l’entrée dans la terre promise (Deutéronome 11, 31). Le baptême d’eau reçu par Jésus fait alors sens : il préfigure l’heure de la croix où, par amour pour nous et dans la confiance en son Père, Jésus traversera les eaux de la mort et le péché (la séparation avec Dieu) pour nous faire vivre de sa vie divine.

Au moment où Jésus se veut un homme comme les autres, la présence de l’Esprit en lui (Marc 1, 10) et son identité de Fils sont publiquement attestées : « Tu es mon Fils bien-aimé » (Marc 1, 11). Ce récit du baptême n’est donc pas un récit de vocation au sens où Jésus serait confirmé dans sa mission par le don de l’Esprit, encore moins au sens où Jésus deviendrait Fils au moment de son baptême. De Jésus, on dira qu’au baptême, la présence de l’Esprit, qui unit Père et Fils, est manifestée (révélée) aux êtres humains. Cet Esprit lui-même atteste à notre esprit qu’en Jésus « nous sommes enfants de Dieu ; enfants et donc héritiers, cohéritiers du Christ » (Romains 8-16-17). « afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous menions nous aussi une vie nouvelle » (Romains 6, 3-4).

En nous faisant participer au mystère pascal de sa mort et résurrection, Jésus nous baptise dans l’Esprit. Jésus croit en la parole du Père : « Tu es mon Fils ». C’est une parole de vie qui l’investit solennellement pour sa mission de Messie. Il la prend au sérieux, il la traduit en actes. Elle lui donne confiance et assurance : quoi qu’il arrive Jésus sera toujours le bien-aimé de Dieu, en lui se révélera l’amour de Dieu, un amour plus fort que la mort.

En recevant le baptême, Jésus nous en fait don, il nous fait entrer dans sa communion avec son Père. Il inaugure pour nous ce temps nouveau « où ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits par l’Esprit de Dieu » (Romains 8,14). La Parole de Dieu « Tu es mon fils, moi aujourd’hui, je t’ai engendré » nous est adressée, elle est pour nous. Elle nous ouvre un chemin de confiance, de liberté et d’ouverture aux autres, elle est promesse de vie. Il ne dépend que de nous d’accepter ou de refuser ce don de Dieu.

Marie-Jeanne Bernassau, www.rencontrerjesus.fr